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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

Mignard (Pierre), né à Troyes, en Champagne, en 1610, fut le rival de Lebrun pendant quelque temps ; mais il ne l’est pas aux yeux de la postérité. Mort en 1695.

Gelée (Claude), dit Le Lorrain. Son père, qui en voulait faire un garçon pâtissier, ne prévoyait pas qu’un jour son fils ferait des tableaux qui seraient regardés comme ceux d’un des premiers paysagistes de l’Europe. Mort à Rome en 1678.

Cazes[1] (Pierre-Jacques). On a de lui des tableaux qui commencent à être d’un grand prix. On rend trop tard justice, en France, aux bons artistes. Leurs ouvrages médiocres y font trop de tort à leurs chefs-d’œuvre. Les Italiens, au contraire, passent chez eux le médiocre en faveur de l’excellent. Chaque nation cherche à se faire valoir. Les Français font valoir les autres nations en tout genre.

Parrocel (Joseph), né en 1648, bon peintre, et surpassé par son fils. Mort en 1704.

Jouvenet (Jean), né à Rouen en 1644[2], élève de Lebrun, inférieur à son maître, quoique bon peintre. Il a peint presque tous les objets d’une couleur un peu jaune. Il les voyait de cette couleur par une singulière conformation d’organes. Devenu paralytique du bras droit, il s’exerça à peindre de la main gauche, et on a de lui de grandes compositions exécutées de cette manière. Mort en 1717.

Santerre (Jean-Baptiste). Il y a de lui des tableaux de chevalet admirables, d’un coloris vrai et tendre. Son tableau d’Adam et d’Ève est un des plus beaux qu’il y ait en Europe. Celui de sainte Thérèse, dans la chapelle de Versailles, est un chef-d’œuvre de grâces ; et on ne lui a reproché que d’être trop voluptueux pour un tableau d’autel. Né en 1651. Mort en 1717.

La Fosse[3] (Charles de), s’est distingué par un mérite à peu près semblable.

Boullongne[4] (Bon), excellent peintre ; la preuve en est que ses tableaux sont vendus fort cher.

Boullongne[5] (Louis). Ses tableaux, qui ne sont pas sans mérite, sont moins recherchés que ceux de son frère.

Raoux[6], peintre inégal ; mais, quand il a réussi, il a égalé le Rembrandt.

  1. Né à Paris en 1676, mort en 1751.
  2. En 1647. Un frère aîné de Jouvenet naquit en 1644 ; de là l’erreur.
  3. Né en 1640, et mort à Paris, sa ville natale, en 1716.
  4. Né à Paris en 1649 ; mort, dans sa ville natale, en 1717.
  5. Né à Paris en 1654, mort en 1733.
  6. Né à Montpellier en 1677, mort en 1734.