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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

ciens historiens : car l’histoire, avant l’invention de l’imprimerie, étant peu contredite, était peu exacte. Mort en 1698.

Lenfant (Jacques), né en Beauce en 1661, pasteur calviniste à Berlin. Il contribua plus que personne à répandre les grâces et la force de la langue française aux extrémités de l’Allemagne. Son Histoire du concile de Constance, bien faite et bien écrite, sera, jusqu’à la dernière postérité, un témoignage du bien et du mal qui peuvent résulter de ces grandes assemblées, et que du sein des passions, de l’intérêt, et de la cruauté même, il peut encore sortir de bonnes lois. Mort en 1728.

Le Quien (Michel), né en 1661, dominicain ; homme très-savant. Il a beaucoup travaillé sur les Églises d’Orient et sur celle d’Angleterre. Il a surtout écrit contre Le Courayer sur la validité des évêques anglicans ; mais les Anglais ne font pas plus de cas de ces disputes que les Turcs n’en font des dissertations sur l’Église grecque. Mort en 1733.

Le Sage, né à Vannes[1], en Basse-Bretagne, en 1667. Son roman de Gil Blas est demeuré, parce qu’il y a du naturel : il est entièrement pris[2] du roman espagnol intitulé la Vida del escudero don Marcos de Obrego. Mort en 1747.

Le Tourneux (Nicolas), né en 1640. Son Année chrétienne est dans beaucoup de mains, quoique mise à Rome à l’index des livres prohibés, ou plutôt parce qu’elle y est mise. Mort en 1686.

Levassor (Michel), de l’Oratoire, réfugié en Angleterre. Son Histoire de Louis XIII[3], diffuse, pesante, et satirique, a été recherchée pour beaucoup de faits singuliers qui s’y trouvent ; mais c’est un déclamateur odieux qui, dans l’Histoire de Louis XIII, ne cherche qu’à décrier Louis XIV, qui attaque les morts et les vivants ; il ne se trompe que sur peu de faits, et passe pour s’être trompé dans tous ses jugements. Mort en 1718.

L’Hospital (François, marquis de), né en 1661, le premier qui ait écrit en France sur le calcul inventé par Newton, qu’il appela les infiniment petits ; c’était alors un prodige. Mort en 1704.

Longepierre (Hilaire-Bernard de Requeleyne, baron de), né en Bourgogne en 1658. Il possédait toutes les beautés de la langue grecque, mérite très-rare en ce temps-là ; on a de lui des traductions en vers d’Anacréon, Sapho, Bion, et Moschus. Sa tragédie

  1. À Sarzeau, à quatre lieues de Vannes, le 8 mai 1668.
  2. Cette opinion est combattue et détruite par François de Neufchâteau dans son Examen de la question de savoir si Le Sage est l’auteur de Gil Blas, ou s’il l’a pris de l’espagnol, (B.)
  3. 1710-11, dix tomes reliés en vingt volumes in-12 ; 1757, sept volumes in-4o.