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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

prix d’agréer. La pensée est aussi fausse que l’expression est mauvaise.

Vous chantiez ! j’en suis fort aise ;
Hé bien ! dansez maintenant.

Livre Ier, fable Ire.

Comment une fourmi peut-elle dire ce proverbe du peuple à une cigale ?

Si j’apprenais l’hébreu, les sciences, l’histoire !
Tout cela c’est la mer à boire.

Livre VIII, 25.

Il faut avouer que Phèdre écrit avec une pureté qui n’a rien de cette bassesse.

Le gibier du lion, ce ne sont pas moineaux,
Mais beaux et bons sangliers, daims et cerfs bons et beaux.

Livre II, 19.

Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,
Le héron au long bec emmanché d’un long cou.

Livre VII, 4.

Et le renard qui a cent tours dans son sac ; et le chat qui n’en a qu’un dans son bissac[1].

Distinguons bien ces négligences, ces puérilités, qui sont en très-grand nombre, des traits admirables de ce charmant auteur, qui sont en plus grand nombre encore.

Quel est donc le pouvoir naturel des vers naturels, puisque, par ce seul charme, La Fontaine, avec de grandes négligences, a une réputation si universelle et si méritée, sans avoir jamais rien inventé ! Mais aussi quel mérite dans les anciens Asiatiques, inventeurs de ces fables connues dans toute la terre habitable !

La Fosse (Antoine de), né en 1653. Manlius est sa meilleure pièce de théâtre. Mort en 1708.

La Hire (Philippe de), né à Paris en 1640, fils d’un bon peintre. Il a été un savant mathématicien, et a beaucoup contribué à la fameuse Méridienne de France. Mort en 1718.

Lainé ou Lainez (Alexandre), né dans le Hainaut, en 1650, poëte singulier dont on a recueilli un petit nombre de vers heu-

  1. Livre IX, fable xiv, vers 15 et 16.