Voulut porter la houlette et l’épée.
Après le Dante, Pétrarque, né en 1304 dans Arezzo, patrie de Gui Arétin, mit dans la langue italienne plus de pureté, avec toute la douceur dont elle était susceptible. On trouve dans ces deux poètes, et surtout dans Pétrarque, un grand nombre de ces traits semblables à ces beaux ouvrages des anciens, qui ont à la fois la force de l’antiquité et la fraîcheur du moderne. S’il y a de la témérité à l’imiter, vous la pardonnerez au désir de vous faire connaître, autant que je le puis, le genre dans lequel il écrivait. Voici à peu près le commencement de sa belle ode à la fontaine de Vaucluse, en vers croisés :
Où la beauté qui consume mon cœur,
Seule beauté qui soit dans la nature,
Des feux du jour évitait la chaleur ;
Agité par les zéphyrs,
La couvrit de son ombrage,
Qui rappelles mes soupirs,
En rappelant son image ;
Vous dont je suis jaloux, vous moins brillantes qu’elle.
Fleurs qu’elle embellissait quand vous touchiez son sein.
Rossignol dont la voix est moins douce et moins belle,
Air devenu plus pur, adorable séjour.
Lieux dangereux et chers, où de ses tendres armes
Écoutez mes derniers accents,
Recevez mes dernières larmes.
Ces pièces, qu’on appelle Canzoni, sont regardées comme ses chefs-d’œuvre : ses autres ouvrages lui firent moins d’honneur. Il immortalisa la fontaine de Vaucluse, Laure, et lui-même. S’il n’avait point aimé il serait beaucoup moins connu. Quelque imparfaite que soit cette imitation, elle fait entrevoir la distance immense qui était alors entre les Italiens et toutes les autres nations. J’ai mieux aimé vous donner quelque légère idée du génie de Pétrarque, de cette douceur et de cette mollesse élégante qui fait son caractère, que de vous répéter ce que tant d’autres