les malédictions des mourants, et surtout des pères. Erreur utile et respectable, si elle arrêtait le crime. Une autre erreur, plus généralement répandue parmi nous, faisait croire que les excommuniés étaient damnés. Le fils de Henri IV mit le comble à son impiété en affectant la piété atroce de déterrer le corps de son père, inhumé dans la cathédrale de Liège, et de le faire porter dans une cave à Spire. Ce fut ainsi qu’il consomma son hypocrisie dénaturée.
Arrêtez-vous un moment près du cadavre exhumé de ce célèbre empereur Henri IV, plus malheureux que notre Henri IV, roi de France. Cherchez d’où viennent tant d’humiliations et d’infortunes d’un côté, tant d’audace de l’autre, tant de choses horribles
réputées sacrées, tant de princes immolés à la religion : vous en
verrez l’unique origine dans la populace ; c’est elle qui donne le
mouvement à la superstition. C’est pour les forgerons et les bûcherons de l’Allemagne que l’empereur avait paru pieds nus devant
l’évêque de Rome ; c’est le commun peuple, esclave de la superstition, qui veut que ses maîtres en soient les esclaves. Dès que
vous avez souffert que vos sujets soient aveuglés par le fanatisme,
ils vous forcent à paraître fanatique comme eux ; et si vous
secouez le joug qu’ils portent et qu’ils aiment, ils se soulèvent.
Vous avez cru que plus les chaînes de la religion, qui doivent
être douces, seraient pesantes et dures, plus vos peuples seraient
soumis ; vous vous êtes trompé : ils se servent de ces chaînes
pour vous gêner sur le trône, ou pour vous en faire descendre.
Ce même Henri V, qui avait détrôné et exhumé son père, une bulle du pape à la main, soutint les mêmes droits de Henri IV contre l’Église dès qu’il fut maître.
Déjà les papes savaient se faire un appui des rois de France contre les empereurs. Les prétentions de la papauté attaquaient, il est vrai, tous les souverains ; mais on ménageait par des négociations ceux qu’on insultait par des bulles. Les rois de France