goire II excommunia et déposa l’empereur, et que tout le peuple
romain reconnut Grégoire II pour son souverain. Ces Grecs ne
songeaient pas que les papes, qu’ils voulaient faire regarder
comme des usurpateurs, auraient été dès lors les princes les plus
légitimes. Ils auraient tenu leur puissance des suffrages du peuple
romain : ils eussent été souverains de Rome à plus juste titre que
beaucoup d’empereurs. Mais il n’est ni vraisemblable ni vrai que
les Romains, menacés par Léon l’Isaurien, pressés par les Lombards, eussent élu leur évêque pour seul maître, quand ils avaient
besoin de guerriers. Si les papes avaient eu dès lors un si beau
droit au rang des Césars, ils n’auraient pas depuis transféré ce
droit à Charlemagne.
de leurs états, oppression et conversion des Saxons, etc.
Le royaume de Pepin, ou Pipin, s’étendait de la Bavière aux Pyrénées et aux Alpes. Karl, son fils, que nous respectons sous le nom de Charlemagne, recueillit cette succession tout entière, car un de ses frères était mort après le partage, et l’autre s’était fait moine auparavant au monastère de Saint-Silvestre. Une espèce de piété qui se mêlait à la barbarie de ces temps enferma plus d’un prince dans le cloître ; ainsi Rachis, roi des Lombards, un Carloman, frère de Pépin, un duc d’Aquitaine, avaient pris l’habit de bénédictin. Il n’y avait presque alors que cet ordre dans l’Occident. Les couvents étaient riches, puissants, respectés ; c’étaient des asiles honorables pour ceux qui cherchaient une vie paisible. Bientôt après, ces asiles furent les prisons des princes détrônés.
La réputation de Charlemagne est une des plus grandes preuves que les succès justifient l’injustice, et donnent la gloire. Pepin, son père, avait partagé en mourant ses États entre ses deux enfants, Karlman, ou Carloman, et Karl : une assemblée solennelle de la nation avait ratifié le testament. Carloman avait la Provence, le Languedoc, la Bourgogne, la Suisse, l’Alsace, et quelques pays circonvoisins ; Karl, ou Charles, jouissait de tout le