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AVERTISSEMENT.

« Voltaire a voulu seulement en résumer le tableau, en recueillir les anecdotes, sans souci d’ailleurs d’y trouver une loi générale et en cherchant moins le rapport que le contraste des effets et des causes ; il a gardé le mérite de la clarté, du récit intéressant et rapide, et cette louange d’avoir été quelquefois peintre dans un abrégé ; lors même qu’il ne l’est pas, il omet rarement les détails nécessaires...

« Il connaissait les textes originaux que si rarement il indique : on le voit par ces grandes et rapides esquisses de la domination des Portugais dans l’Inde, et de la conquête de l’Amérique par les Espagnols. Barros, Herrera, Garcilaso, Las Cases, ont fourni bien des traits et des couleurs à ce récit ; et c’est là que se retrouvent les traces heureuses de cette étude presque universelle où Voltaire avait été poussé par toutes les ambitions de son génie. La singulière épopée espagnole l’Araucana, étudiée, ou du moins parcourue pour en parler à l’occasion de la Henriade, lui a donné plusieurs teintes historiques pour caractériser les compagnons de Pizarre.

« En tout l’Essai sur les Mœurs, en faisant lire ce qui était illisible sous la plume des compilateurs, et ce que le XVIIIe siècle ne cherchait pas dans les chroniques, créa l’étude de l’histoire moderne. »

Ces extraits, il nous semble, peuvent suffire à montrer au lecteur combien l’œuvre de Voltaire par laquelle nous commençons cette série des ouvrages historiques fut, lors de son apparition, un événement considérable. Au moment où se dessinait brillamment le grand mouvement historique de notre siècle, on comprenait bien toute l’importance et tout l’intérêt de cette œuvre capitale. À mesure que les recherches et les études se poursuivent, les objections qu’elle soulève deviennent sans doute plus frappantes ; mais elle continue de marquer une date mémorable dans l’histoire de l’Histoire.



Louis MOLAND.


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