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DES PRIÈRES DES JUIFS.

[1]« Oolla a forniqué sur moi ; elle a aimé avec fureur ses amants : princes, magistrats, cavaliers..... Sa sœur, Ooliba, s’est prostituée avec plus d’emportement. Sa luxure a recherché ceux qui avaient le.... d’un âne, et qui.... comme les chevaux[2]. »

Ces expressions nous semblent bien indécentes et bien grossières ; elles ne l’étaient point chez les Juifs, elles signifiaient les apostasies de Jérusalem et de Samarie. Ces apostasies étaient représentées très-souvent comme une fornication, comme un adultère. Il ne faut pas, encore une fois, juger des mœurs, des usages, des façons de parler anciennes, par les nôtres ; elles ne se ressemblent pas plus que la langue française ne ressemble au chaldéen et à l’arabe.

Le Seigneur ordonne d’abord au prophète Osée, chapitre i, de prendre pour sa femme une prostituée, et il obéit. Cette prostituée lui donne un fils. Dieu appelle ce fils Jezraël : c’est un type de la maison de Jéhu, qui périra, parce que Jéhu avait tué Joram dans Jezraël. Ensuite le Seigneur ordonne à Osée, chapitre iii, d’épouser une femme adultère, qui soit aimée d’un autre, comme le Seigneur aime les enfants d’Israël, qui regardent les dieux étrangers, et qui aiment le marc de raisin. Le Seigneur, dans la prophétie d’Amos, chapitre iv, menace les vaches de Samarie de les mettre dans la chaudière. Enfin tout est l’opposé de nos mœurs et de notre tour d’esprit ; et, si l’on examine les usages de toutes les nations orientales, nous les trouverons également opposés à nos coutumes, non-seulement dans les temps reculés, mais aujourd’hui même que nous les connaissons mieux.


xliv. — Des prières des Juifs.

Il nous reste peu de prières des anciens peuples ; nous n’avons que deux ou trois formules des mystères, et l’ancienne prière à Isis, rapportée dans Apulée[3]. Les Juifs ont conservé les leurs.

  1. Ézéchiel, chapitre xxiii. (Note de Voltaire.)
  2. On a très-approfondi cette matière dans plusieurs livres nouveaux, surtout dans les Questions sur l’Encyclopédie, et dans l’Examen important de milord Bolingbroke. (Id.) — Les Questions sur l’Encyclopédie font partie du Dictionnaire philosophique. L’Examen important est dans les Mélanges, année 1767.
  3. Voyez cette prière, Introduction, paragraphe xxiii.