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AZOLAN
OU
LE BÉNÉFICIER[1]


À son aise dans son village
Vivait un jeune musulman,
Bien fait de corps, beau de visage,
Et son nom était Azolan.
Il avait transcrit l’Alcoran,
Et par cœur il allait l’apprendre.
Il fut, dès l’âge le plus tendre,
Dévot à l’ange Gabriel.

Ce ministre emplumé du ciel
Un jour chez lui daigna descendre :
« J’ai connu, dit-il, mon enfant,
Ta dévotion non commune :
Gabriel est reconnaissant,
Et je viens faire ta fortune ;
Tu deviendras dans peu de temps
Iman de la Mecque et Médine ;
C’est, après la place divine
Du grand commandeur des croyants,
Le plus opulent bénéfice

  1. Ce conte, qui circulait manuscrit en avril 1764, a fourni le sujet de : Azolan, ou le Serment indiscret, ballet héroïque en trois actes, paroles de Lemonnier, musique de Floquet, représenté sur le théâtre de l’Opéra le 15 novembre 1774 ; imprimé la même année, in-4o. (B.)