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Je lis cet éloge éloquent
Que Thomas a fait savamment
Des dames de Home et d’Athène[1].
On me dit : « Partez promptement ;
Venez sur les bords de la Seine,
Et vous en direz tout autant,
Avec moins d’esprit et de peine. »
Ainsi, du monde détrompé,
Tout m’en parle, tout m’y ramène ;
Serais-je un esclave échappé
Que tient encore un bout de chaîne ?
Non, je ne suis point faible assez
Pour regretter des jours stériles,
Perdus bien plutôt que passés
Parmi tant d’erreurs inutiles.
Adieu, faites de jolis riens,
Vous encor dans l’âge de plaire,
Vous que les Amours et leur mère
Tiennent toujours dans leurs liens.
Nos solides historiens
Sont des auteurs bien respectables ;
Mais à vos chers concitoyens
Que faut-il, mon ami ? des fables.




ÉPÎTRE CXVII.


À MONSIEUR GUYS[2].


(1776)


Le bon vieillard très-inutile
Que vous nommez Anacréon,

  1. Thomas venait de publier son Essai sur le caractère, les mœurs et l’esprit des femmes dans les différents siècles, 1772, in-8o. — Voyez la critique de cet ouvrage par Diderot, Œuvres complètes, édition Garnier frères, t. II, p. 251.
  2. Pierre-Augustin Guys, né à Marseille en 1721, mort à Zante en 1799, avait envoyé à Voltaire la seconde édition de son Voyage littéraire de la Grèce, 1776, deux volumes in-8o.