Épouvantent le lâche et consolent le sage.
Tout est égal au monde : un mourant n’a point d’âge.
Le dauphin le disait au sein de la grandeur,
Au printemps de sa vie, au comble du bonheur ;
Il l’a dit en mourant, de sa voix affaiblie,
À son fils, à son père, à la cour attendrie,
Ô toi ! triste témoin de son dernier moment,
Qui lis de sa vertu ce faible monument,
Ne me demande point ce qui fonda sa gloire,
Quels funestes exploits assurent sa mémoire[1],
Quels peuples malheureux on le vit conquérir.
Ce qu’il fit sur la terre… il t’apprit à mourir !
ÉPÎTRE XCVII.
Croyez qu’un vieillard cacochyme,
Chargé de soixante et douze ans,
Doit mettre, s’il a quelque sens,
Son âme et son corps au régime.
Dieu fit la douce Illusion
Pour les heureux fous du bel âge ;
Pour les vieux fous l’ambition,
Et la retraite pour le sage.
Vous me direz qu’Anacréon,
Que Chaulieu même, et Saint-Aulaire,
Tiraient encor quelque chanson
De leur cervelle octogénaire.
Mais ces exemples sont trompeurs ;
Et quand les derniers jours d’automne