Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pressaient son tendre amant de plaisir enivré.
Gertrude les surprit, et se mit en colère.
La fille répondit : « Pardonnez-moi, ma mère,
J’ai choisi saint Denis, comme vous saint André. »
Gertrude, dès ce jour plus sage et plus heureuse,
Conservant son amant, et renonçant aux saints,
Quitta le vain projet de tromper les humains.
On ne les trompe point : la malice envieuse
Porte sur votre masque un coup d’œil pénétrant ;
On vous devine mieux que vous ne savez feindre ;
Et le stérile honneur de toujours vous contraindre
Ne vaut pas le plaisir de vivre librement.
La charmante Isabelle, au monde présentée,
Se forma, s’embellit, fut en tous lieux goûtée.
Gertrude en sa maison rappela pour toujours
Les doux Amusements, compagnons des Amours ;
Les plus honnêtes gens y passèrent leur vie :
Il n’est jamais de mal en bonne compagnie.