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Chaque auteur vous applaudira :
Car, tout envieux que nous sommes
Et du mérite et du grand nom,
Un poëte est toujours fort bon
À la tête de cent mille hommes.
Mais, croyez-moi, d’un tel secours
Vous n’avez pas besoin pour plaire ;
Fussiez-vous pauvre comme Homère,
Comme lui vous vivrez toujours.
Pardon, si ma plume légère,
Que souvent la vôtre enhardit,
Écrit toujours au bel esprit
Beaucoup plus qu’au roi qu’on révère.
Le Nord, à vos sanglants progrès,
Vit des rois le plus formidable :
Moi, qui vous approchai de près,
Je n’y vis que le plus aimable.




ÉPÎTRE LXVII.


AU ROI.
PRÉSENTÉE À SA MAJESTÉ, AU CAMP DEVANT FRIBOURG[1].


Novembre 1744.


Vous dont l’Europe entière aime ou craint la justice,
Brave et doux à la fois, prudent sans artifice,
Roi nécessaire au monde, où portez-vous vos pas ?
De la fièvre échappé[2], vous courez aux combats !
Vous volez à Fribourg ! En vain La Peyronie[3]
Vous disait : « Arrêtez, ménagez votre vie !
Il vous faut du régime, et non des soins guerriers :
Un héros peut dormir, couronné de lauriers. »

  1. Voyez les chapitres xii et xiii du Précis du Siècle de Louis XV.
  2. À Metz.
  3. Premier chirurgien du roi. (Note de Voltaire, 1751.)