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De tous les exploits éclatants
Que le Seigneur Dieu vous réserve[1].




ÉPÎTRE XXII.


AU CARDINAL DUBOIS.


(1721)


Quand du sommet des Pyrénées,
S’élançant au milieu des airs,
La Renommée à l’univers
Annonça ces deux hyménées[2]
Par qui la Discorde est aux fers,
Et qui changent les destinées,
L’âme de Richelieu descendit à sa voix
Du haut de l’empyrée au sein de sa patrie.
Ce redoutable génie
Qui faisait trembler les rois,
Celui qui donnait des lois
À l’Europe assujettie,
A vu le sage Dubois[3],

  1. Dans une édition de cette épître, à la suite de la Ligue (Henriade), 1724, in-12, on lit :
    Que votre destin vous réserve ;
    Et sans doute qu’un jour Minerve,
    Votre compagne et mon appui,
    Après que ma bouillante verve
    Aura chanté le grand Henri,
    Me fera vous chanter aussi.
  2. La double alliance entre les maisons de France et d’Espagne.
  3. M. de Voltaire était jeune lorsqu’il fit cette épître ; Fontenelle, Lamotte, alors les deux premiers hommes de la littérature, ont loué Dubois avec autant d’exagération. Il avait à leurs yeux le mérite réel d’aimer la paix, la tolérance, et la liberté de penser, et de n’être jaloux ni de la réputation, ni des talents. Avant de condamner ces éloges, il faut se transporter à cette époque, où le souvenir du P. Le Tellier inspirait encore la terreur. (K.)

    — Il faut ajouter que Voltaire désirait alors être employé dans la diplomatie comme l’était un autre poëte, Destouches. Voyez sa lettre au cardinal, 28 mai 1722. (G. A.)