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Me chargerait en vain de leur ignominie ;
Tu les démentirais, et je ne verrais plus
Dans leurs crayons grossiers mes pinceaux confondus ;
Tu plaindrais par leurs cris ma jeunesse opprimée ;
À verser les bienfaits ta main accoutumée
Peut-être de mes maux voudrait me consoler,
Et me protégerait au lieu de m’accabler[1].




ÉPÎTRE XIV.


À MONSIEUR L’ABBÉ DE BUSSY[2],
DEPUIS ÉVÊQUE DE LUÇON.


(1716)


Ornement de la bergerie
Et de l’Église, et de l’amour,
Aussitôt que Flore à son tour
Peindra la campagne fleurie,
Revoyez la ville chérie[3]
Où Vénus a fixé sa cour.
Est-il pour vous d’autre patrie ?
Et serait-il dans l’autre vie

  1. Il avait été accusé d’être l’auteur de couplets satiriques contre le Régent et sa fille. On prétend que, présenté à M. le Régent, après en avoir obtenu justice, et le prince paraissant persuadé qu’il lui avait fait grâce, M. de Voltaire lui adressa ces vers :
    Non, monseigneur, en vérité,
    Ma muse n’a jamais chanté
    Ammonites ni Moabites ;
    Brancas vous répondra de moi :
    Un rimeur sorti des jésuites,
    Des peuples de l’ancienne loi
    Ne connaît que les Sodomites. (K.)

    — Voyez les Poésies mêlées, année 1716.
  2. Les vers qui forment cette pièce ont été souvent imprimés sous le titre de Épître sur la Tracasserie. (B.)
  3. Variante :
    Revoyez la ville chérie :
    Elle est l’asile de l’amour.
    Avons-nous donc d’autre patrie ?