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La force et la délicatesse,
La simplicité, la noblesse,
Que Fénelon seul avait joint ;
Ce naturel aisé dont l’art n’approche point ?
Sapho, qui ne croirait que l’Amour vous inspire ?
Mais vous vous contentez de vanter son empire ;
De Mendoce amoureux vous peignez le beau feu[1],
Et la vertueuse faiblesse
D’une maîtresse
Qui lui fait, en fuyant, un si charmant aveu.
Ah ! pouvez-vous donner ces leçons de tendresse,
Vous qui les pratiquez si peu ?
C’est ainsi que Marot, sur sa lyre incrédule,
Du dieu qu’il méconnut prôna la sainteté :
Vous avez pour l’amour aussi peu de scrupule ;
Vous ne le servez point, et vous l’avez chanté.

Adieu ; malgré mes épilogues,
Puissiez-vous pourtant, tous les ans,
Me lire deux ou trois romans.
Et taxer quatre synagogues[2] !



  1. Variante :
    Vous nous peignez Mendoce en feu,
    Et la vertueuse faiblesse
    De sa chancelante maîtresse.
  2. Mme  la comtesse de Fontaines était fille du marquis de Givry, commandant de Metz, qui avait favorisé l’établissement des juifs dans cette ville ; ceux-ci, par reconnaissance, lui avaient fait une pension considérable qui était passée à ses enfants. (K.)