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[loo] DIALOGUE DE PÉGASE ET DU VIEILLARD. 203

Leurs clameurs un momenl pourront te divertir.

LE VIEILLARD.

Les cris des malheureux ne me font point plaisir.

��à Bicêtre. Il s'associe depuis àFrcron, à Sabotier, et îi d'autres gens de cette espèce. 11 broche libelle sur libelle contre un vieillard solitaire, retiré depuis trente années, qu'on peut outrager impunément. Il avait écrit auparavant à ce même solitaire plusieurs lettres dont nous avons les originaux entre les mains. En voici un fragment:

« Jugez, monsieur, si votre silence peut ne pas m'affliger. Peut-être, hélas ! vous ôtes-vous imaginé que vous me verriez payer votre amitié, vos bienfaits, par la plus noire ingratitude; que je serais assez lâche, assez criminel, pour n'être pas j)lus reconnaissant que tant d'autres! Ah, monsieur! ne me faites pas l'injure de soupçonner ainsi ma probité. C'est ce bien précieux que je voudrais délivrer de la contagion générale; vos soupçons le flétriraient. Votre générosité, votre grandeur d'âme, peuvent en conserver et en relever l'éclat. Ma tendresse, mon zèle, mon respect, voilà mes seuls biens, ils sont tous à vous, et ils y seront toujours, etc. A Dijon, ce sixième décembre 1700. Voici mon adresse: A Clément fils, chez son père, procureur à Dijon, derrière les Minimes. »

Il a eu depuis l'intention de désavouer cette lettre, et la probité de dire qu'elle était falsifiée. Nous la conservons pourtant, quoique ce ne soit pas une pièce bien curieuse; mais c'est toujours un témoignage subsistant de l'honneur que cette petite cabale met dans sa conduite. C'est ce qui faisait dire à M. Duclus, secrétaire de l'Académie, qu'il ne connaissait rien de plus méprisable et de plus méchant que la canaille de la littérature. Il est à croire que M. Clément, s'étant marié, deviendra plus juste et plus sage, qu'il sera plus modeste, qu'il ne calomniera plus des per- sonnes dont il n'eut jamais sujet de se plaindre, qu'il n'a même jamais envisa- gées, et qu'il se repentira d'avoir débuté dans le monde par une conduite si infâme. {Note de M. de Morza, 1774.)

— Le libelle dont il est question dans le second alinéa de cette note est la Quatrième lettre à M. de Voltaire, par Clément; il avait dit, à l'occasion de VÉpitre de Voltaire à Boileau : « Peut-être M. de V. veut-il se venger de ce que ce fameux satirique avait traité d'empoisonneur le traiteur J//r/noi, dont M. de V. est le petit- neveu, à ce qu'on dit. » L'alibé Mignot, conseiller-clerc au parlement, et neveu de Voltaire, n'était pas de la famille du pâtissier Mignot. Voltaire se plaignit au chan- celier, et Clément écrivit à l'aijbé Mignot unelettre d'excuse insérée au Mercure de mars 177 i, dans laquelle sont ces mots: « Je suis fâche d'avoir publié, sur la foi d'autrui, une erreur sur monsieur votre oncle et sur votre famille. Je vous en fais mille excuses bien sincères. »

La lettre de Clément, du 6 décembre 1769, dont Voltaire rapporte un passage, est en entier parmi les Pièces justificatives de la Vie de Foita/re, dans le tome I"'.

Au lieu du mot infâme qui termine cette note depuis 1773, on lisait précédem- ment condamnable. (B.)

Patouillet est un ex-jésuite qui débitait, il y a quelques années, dos décla- mations de collège nommées mandements, pour des évêques qui ne pouvaient pas en faire. 11 en débiia un contre notre auteur et contre d'autres gen=; du lettres: c'est dommage qu'il ait été brûlé par la main du bourreau. Ce Patouillet était un des plus forts écrivains dans le genre calomnieux que nous ayons eus depuis Garasse. (Note de M. de Morza, 1775.) — Le mandement dont il s'agit avait été composé pour l'archevêque d'Auch; voyez tome IX, page 5^3. (B.)

Nonotte est un autre ex-josuite, digne compagnon de Patouillet. Il a fait deux gros volumes sous le titre d'Erreurs de Voltaire, et qu'il aurait pu intituler

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