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200 DIALOGUE DE TÉGASE ET DU VIEILLARD. [W,

Surcliargcnt les courriers de leurs beaux sentiments. J'ouvre souvent mon cœur en prose ainsi qu'en rime ;. J'écris une sottise, aussitôt on l'imprime. On y joint méchamment le recueil clandestin De mon cousin Vadé, de mon oncle Bazin. Candide, emprisonné dans mon vieux secrétaire. En criant : Tout est bien, s'enfuit chez un libraire ^ ; Jeanne et la tendre Agnès, et le gourmand Bonneau, Courent en étourdis de Genève à Breslau. Quatre bénédictins, avec leurs doctes plumes. Auraient peine à fournir ce nombre de volumes. On ne va point, mon fils, fût- on sur toi monté, Avec ce gros bagage à la postérité. Pour comble de malheur, une troupe importune De bâtards indiscrets, rebut de la fortune, Nés le long du charnier nommé des Innocents, Se glisse- sous la presse avec mes vrais enfants.

��1. On a imprime cinq ou six volumes des prétendues lettres de notre auteur; cela n'est pas honnête. On en a falsifie plusieurs; cela est encore moins honnête; mais les éditeurs ont voulu gagner de l'argent. {Note de M. de Morza, 1774.)

2. On a glissé dans le recueil de ses ouvrages bien des morceaux qui ne sont pas do lui, comme une traduction des Apocryphes de Fabricius, qui est do M. Bigex; un dialogue do Périclès et d'un Russe, fort estime, dont l'auteur est M. Suard; dos vers sur la mort de M" Lccouvreur, moins estimés, commençant par ceux-ci :

Quel contraste frappe mesj'euï? Melpomène ici désolée Élève, avec l'aveu des dieur, Un .magnifique mausolée.

Cette pièce est du sieur Bonneval, jadis prccoptour chez M. de Montmartel : s'il a eu l'aveu des dieux, il n'a pas eu celui d'Apollon.

On trouve dans la collection des ouvrages de M. de Voltaire de prétendus vers do M. Clairaut, qui n'en fit jamais; une pièce qui a pour titre les Avantages de la raison, dans laquelle il n'y a ni raison ni rime ; une épître à M"'" Salle, qui est de M. Thieriot; une épître à l'abbé de Rothclin, qui est de M. do Forment; des vers sur la mort de M'"^ du Châtelct, dont nous ignorons l'autour;

Des vers au duc d'Orléans, régent, qu'il n'a jamais faits;

Une ode intitulée le Vrai Dieu, qui est d'un jésuite nommé Lefèvre;

Une épître de l'abbé do Grécourt, platement licencieuse, qui commence par ces mots : Belle maman, soyez l'arbitre; des vers au médecin Silva et à l'oculiste Gendron; une réponse à un M. de B , qui commence ainsi :

Oui, mon cher B , il est l'Ame du ûionde;

Sa chaleur le pénètre et sa clarté l'inonde,

EfTets d'une même aciion.

Sa plus belle production

Est cette lumière éthérée

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