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CE QUI PLAÎT AUX DAMES[1]


Or maintenant que le beau dieu du jour
Des Africains va brûlant la contrée,
Qu’un cercle étroit chez nous borne son tour,
Et que l’hiver allonge la soirée ;
Après souper, pour vous désennuyer,
Mes chers amis, écoutez une histoire
Touchant un pauvre et noble chevalier,
Dont l’aventure est digne de mémoire.
Son nom était messire Jean Robert,
Lequel vivait sous le roi Dagobert.
Il voyagea devers Rome la sainte,
Qui surpassait la Rome des Césars ;
Il rapportait de son auguste enceinte,
Non des lauriers cueillis aux champs de Mars,
Mais des agnus avec des indulgences,
Et des pardons, et de belles dispenses.

  1. Ce conte fut imprimé séparément en vingt-deux pages in-8o, avec la date de 1764 ; mais il circulait dans le dernier mois de l’année précédente (voyez la lettre à Damilaville, du 7 décembre 1763). Les Mémoires secrets en parlent au 12 décembre 1763. Collé, dans son Journal (tome Ier, page 212), dit que cet ouvrage n’est qu’un mauvais conte. C’est une preuve de plus que la haine est aveugle. Collé est reste seul de son avis. Dans sa lettre à Damilaville, du 10 décembre 1763, Voltaire dit ce conte imité d’un vieux roman. Il ajoute que le même sujet a été traité par Dryden. Le conte de cet auteur anglais est intitulé the Wife of Bath, et est une imitation en vers du conte de Chaucer ayant le même titre, et pris lui-même dans un ancien ouvrage.

    Favart a composé la Fée Urgèle, ou Ce qui plaît aux dames, comédie en quatre actes, mêlée d’ariettes, représentée par les comédiens italiens, à Fontainebleau, le 26 octobre 1765, et à Paris le 4 décembre suivant. Cette pièce de Favart, restée longtemps au répertoire, a été, en 1821, réduite en un acte pour le théâtre du Gymnase dramatique, qui ne pouvait alors donner de pièces en ayant davantage. (B.)