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472 LES SYSTÈMES. [eo]

Jo crois l'avoir prouvé par mes mathématiques. J"ai de plats écoliers et de mauvais critiques : Jugez-nous... » A ces mots, tout le globe trembla, Et d'horreur et d'effroi saint Thomas recula. Mais Dieu, clément et bon, plaignant cet infidèle ', Ordonna seulement qu'on purgeât sa cervelle. Ne pouvant désormais composer pour le prix, Il partit, escorté de quelques beaux esprits.

��Impietas, tumidumque alta caput extulit arce. Scilicct ex toto renim glomeramine numen Construxit, cui sint pro corpore corpora cuncta, Et cuncta3 mentes pro mente, simulque perenui Pro vita atque asvo, fuga terapuris ipsa caduci Et qui saîclorum jugis devolvitur ordo. Pana putes.

Anti-Lucrèce, liv. III, vers 805 et suiv.

Voici quelques-uns des vers français :

Cesse de méditer dans ce sauvage lieu :

Homme, plante, animaux, esprit, corps, tout est Dieu.

Spinosa le premier connut mon existence :

.le suis l'être complet et l'unique substance ;

La matière et l'esprit en sont les attributs :

Si je n'embrassais tout, je n'existerais plus.

Principe universel, jo comprends tous les êtres,

Je suis le souverain de tous les autres maîtres;

Les membres différents de ce vaste univers

Ne composent qu'un tout dont les modes divers.

Dans les airs, dans les cieux, sur la terre, et sur l'onde,

Embellissent entre eux le théâtre du monde.

B E RM s , Discours sur la poésie.

Le livre du Système de la Nature, qu'on nous a donné depuis peu, est d'un genre tout différent; c'est une pliilippique contre Dieu. L'auteur prétend que la matière existe seule, et qu'elle produit seule la sensation et la pensée. Pour avan- cer une idée aussi étrange, il faudrait au moins tâcher de l'appuyer sur quelque principe, et c'est ce que l'auteur ne fait pas. Il a pris cette opinion chez Hohbes; mais Hobbes se borne à la supposer, il ne l'affirme pas : il dit que des philosophes savants ont prétendu que tous les corps ont du sentiment. « Qui corpora omnia sensu esse prtedita sustinuerunt. »

Depuis Brama, Zoroastre, etThaut, jusqu'à nous, chaque pliilosophc a fait son système ; et il n'y en a pas deux qui soient de même avis. C'est un chaos d'idées dans lequel personne ne s'est entendu. Le petit nombre des sages est toujours parvenu à détruire les châteaux enchantés, mais jamais à pouvoir en bâtir un logeable. On voit par sa raison ce qui n'est pas ; on ne voit point ce qui est. Dans ce conflit éternel de témérités et d'ignorances, le monde est toujours allé comme il va; les pauvres ont travaillé, les riches ont joui, les puissants ont gouverné, les philosophes ont argu- menté, tandis que des ignorants se partageaient la terre. [Notede M.de Morza, 1772.; 1. Variante :

. . , Notre infidèle,

Ordonna seulement qu'on guérît sa cervelle. Et doucement l'exclut du sénat des savants; 11 partit, mais suivi de quelques partisans. No» sages, qui voyaient, etc.

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