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��LE PAUVRE DIABLE.

��Persécuteur, délateur, espion ;

Chez les dévots je forme des cabales :

Je cours, j'écris, j'invente des scandales,

Pour les combattre et pour me faire un nom,

Pieusement semant la zizanie.

Et l'arrosant d'un peu de calomnie ^

Imite-moi, mon art est assez bon ;

Suis, comme moi, les méchants à la piste ;

Crie à l'impie, à l'athée, au déiste.

Au géomètre ; et surtout prouve bien

Qu'un bel esprit ne peut être chrétien :

Du rigorisme embouche la trompette ;

Sois hypocrite, et ta fortune est faite. »

« A ce discours saisi d'émotion,

Le cœur encore aigri de ma disgrâce-,

Je répondis en lui couvrant la face

De mes cinq doigts; et la troupe en besace.

Qui fut témoin de ma vive action.

Crut que c'était une convulsion.

A la faveur de cette opinion.

Je m'esquivai de l'antre de Mégère.

— C'est fort bien fait ; si ta tête est légère, Je m'aperçois que ton cœur est fort bon. Où courus-tu présenter ta misère?

— Las! où courir dans mon destin maudit! N'ayant ni pain, ni gîte, ni crédit,

Je résolus de finir ma carrière.

Ainsi qu'ont fait au fond de la rivière

Des gens de bien, lesquels n'en ont rien dit.

« changement! ô fortune bizarre! J'apprends soudain qu'un oncle trépassé, Vieux janséniste et docteur de Navarre, Des vieux docteurs certes le plus avare, Ab intestat, malgré lui, m'a laissé D'argent comptant un immense héritage.

(( Bientôt, changeant de mœurs et de langage, Je me décrasse ; et m'étant dérobé

��1. Variante

��2. Variante

��L'assaisonnant d'un peu de calomnie. Imite-moi, mon sort est assez bon.

. . . . navré de ma disgrâce.

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