Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome1.djvu/518

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
444
HISTOIRE POSTHUME

Comme aussi qu’ils savent qu’après son décès il n’a point été fait d’inventaire et qu’il n’a laissé pour ses seuls présomptifs héritiers que messire Alexandre-Jean Mignot, conseiller du roi en son grand conseil, abbé commendataire de l’abbaye de Scellières, son neveu, et dame Marie-Louise Mignot, sa nièce, veuve de messire Charles-Nicolas Denis, capitaine au régiment de Champagne, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, commissaire ordonnateur des guerres, et depuis conseiller correcteur en la Chambre des comptes de Paris ; chacun pour moitié.

Dont a été donné acte auxdits comparants par les notaires soussignés pour servir et valoir ce que de raison. Fait et passé à Paris, en l’étude, l’an mil sept cent soixante-dix-huit, le seize juin.

Et ont signé.

Josse de la Bouglie, Wagnière, Sauvaige, Dutertre.



XII.


DÉPÊCHE DU PRINCE BARIATINSKY


à Catherine II[1].


Ce jeudi, 11 juin 1778. Paris.

Vous désirez savoir, mon prince, quelques particularités concernant la mort de M. de Voltaire, l’homme le plus rare et le plus extroordinaire que la nature ait produit. Je vais vous dire le plus brièvement qu’il me sera possible ce qui s’est passé à ce sujet. Mais, pour être clair, il faut reprendre les choses d’un peu plus haut.

  1. Journal des Débats, 30 janvier 1869. La pièce suivante a été envoyée à M. Taine par M. Schuyler, consul des États-Unis à Moscou, homme fort lettré et versé dans la connaissance des principales langues de l’Europe, qui a pu consulter les archives de la grande ville où il réside. Elle est incluse dans une dépêche du 17-28 juin 1778 adressée par l’ambassadeur prince Ivan Bariatinsky à l’impératrice Catherine II. L’ambassadeur ajoute dans sa dépêche : « Sachant que Votre Majesté impériale s’intéresse profondément à tout ce qui concerne ce grand homme, j’ai fait préparer pour elle ce récit de la mort de Voltaire par un de mes amis, parfaitement informé de tous les détails. » Ce récit n’est pas signé.