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DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES.

rectifia ce qui lui avait paru vicieux dans cette scène du premier acte, fit un paquet de ses corrections, et donna ordre à son domestique de les porter chez le sieur Paulin, homme très-estimable, mais acteur très-médiocre, et qu’il élevait, disait-il, à la brochette pour jouer les tyrans. Le domestique observa à son maître qu’il était plus de minuit, et qu’à cette heure il lui était impossible de réveiller M. Paulin : « Va, va, lui répliqua l’auteur de Mérope, les tyrans ne dorment jamais ! »



LXVII.


DÉCLARATION DE VOLTAIRE.[1]


28 février 1778.

Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, et en détestant la superstition.

Voltaire.



LXVIII.


COPIE

DE LA PROFESSION DE FOI DE M. DE VOLTAIRE
exigée par l’abbé gaultier son confesseur[2]

Je, soussigné, déclare qu’étant attaqué depuis quatre jours d’un vomissement de sang à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, et n’ayant pu me traîner à l’église, et M. le curé de Saint-Sulpice ayant bien voulu ajouter à ses bonnes œuvres celle de m’envoyer M. l’abbé Gaultier, prêtre, je me suis confessé à lui, et que si Dieu dispose de moi, je meurs dans la sainte religion catholique où je suis né, espérant de la miséricorde divine qu’elle daignera pardonner toutes mes fautes, et que si j’avais jamais scandalisé l’Église, j’en demande pardon à Dieu et à elle. Signé : Voltaire, le 2 mars 1778, dans la maison de M. le marquis de Villette.

En présence de M. l’abbé Mignot, mon neveu, de M. le marquis de Villevieille, mon ami. Signé : L’abbé Mignot, Villevieille[3].

  1. Original, Bibl. nat., mss fr., 11460.
  2. Correspondance de Grimm, etc., édit. Tourneux, tome XII, page 87.
  3. Non content de sa rétractation, Voltaire reprenait la plume pour la fortifier de la déclaration suivante : « M. l’abbé Gaultier m’ayant averti qu’on disait dans un certain monde que je protesterais contre tout ce que je ferais à la mort, je déclare que je n’ai jamais tenu ce propos, et que c’est une ancienne plaisanterie attribuée très-faussement, dès longtemps, à plusieurs savants plus éclairés que Voltaire. »