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AVERTISSEMENT
DE BEUCHOT


Ce n’est point au nom de Voltaire, mais c’est sous sa dictée, qu’a été écrit le Commentaire historique. Cependant Wagnière, pendant son voyage en Russie, s’en disait l’auteur, et depuis son retour en France il parlait de son Commentaire historique[1]. Voici même comme il s’exprime dans deux copies autographes que je possède d’un Avis préliminaire, pour ses remarques ou additions au Commentaire historique :

Ce petit précis historique fut composé au commencement de 1776, tant sur ce que j’avais entendu dire à M. de Voltaire que sur les papiers qu’il m’avait donnés en propre en 1772. Je le priai de me permettre d’en faire usage, et il eut cette bonté. Je le communiquai à mon maître, qui eut la complaisance de le revoir et de me fournir encore quelques instructions. Je suppliai aussi M. de Voltaire de me faire donner un certificat ; et, après la communication et la vérification sur les originaux, il demanda lui-même à MM. Durey et Christin les deux déclarations signées qui se trouvent à la tête de cet ouvrage[2].

C’est à une autre personne que M. G. Feydel[3] fait honneur du Commentaire historique. Il assure que cet écrit est de l’avocat Christin[4].

Voilà deux opinions bien contradictoires. Je les crois fausses toutes les deux. L’auteur du Commentaire dit (page 75) : « J’étais, en 1732, à la première représentation de Zaïre ; » et (page 122) il ajoute : « J’ai entendu, il y a quarante ans (à Bruxelles), cette belle chanson. » Voltaire peut avoir, dans ces deux passages, oublié que, dans le Commentaire historique, il parlait à la troisième personne ; il peut même avoir employé à dessein ces expressions. Mais elles ne peuvent être échappées à Wagnière, né en 1740, ni à Christin, né en 1744, en parlant de faits antérieurs à leur naissance.

La première édition parut en 1776 avec l’adresse de : À Basle, chez les héritiers de Paul Duker. C’est Wagnière lui-même qui le dit, et sur cela il n’a aucun motif d’altérer la vérité.

J’ai sous les yeux cette édition[5] ; au verso du frontispice on lit les deux

  1. Page 6 de l’Avertissement de l’éditeur des Mémoires sur Voltaire et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires ; Paris, Aimé-André, 1826, deux volumes in-8°.
  2. Ce passage est tout différent dans l’impression faite en 1820, conforme à la copie que j’avais reçue de la main de feu Decroix. (B.)
  3. Un Cahier d’histoire littéraire, 1818, in-8°, pages 1-11.
  4. Voyez la note, tome XIX, page 445.
  5. C’est sur un exemplaire d’une autre édition, et dont le titre est encadré, sous l’adresse de Neufchâtel et la date de 1776 (mais que je crois de Genève), in-8° de IV et 232 pages, que Wagnière avait commencé à écrire quelques notes.