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Ah ! vivez avec nous dans une honnête aisance.
Le prix de nos travaux est dans la jouissance :
Faites votre bonheur en remplissant nos vœux.
Être riche n’est rien : le tout est d’être heureux.

M. Duru.

Le beau sermon du luxe et de l’intempérance !
Gripon, je souffrirais que pendant mon absence
On dispose de tout, de mes biens, de mon fils,
De ma fille !

Madame Duru.

De ma fille !Monsieur, je vous en écrivis :
Cette union est sage, et doit vous le paraître.
Vos enfants sont heureux, leur père devrait l’être.

M. Duru.

Non ; je serais outré d’être heureux malgré moi :
C’est être heureux en sot de souffrir que chez soi,
Femme, fils, gendre, fille ainsi se réjouissent.

Madame Duru.

Ah ! qu’à cette union tous vos vœux applaudissent !

M. Duru.

Non, non, non, non ; il faut être maître chez soi.

Madame Duru.

Vous le serez toujours.

Érise.

Vous le serez toujours.Ah ! disposez de moi.

Madame Duru.

Nous sommes à vos pieds.

Damis.

Nous sommes à vos pieds.Tout ici doit vous plaire,
Serez-vous inflexible ?

Madame Duru.

Serez-vous inflexible ?Ah ! mon époux !

Damis, Érise, ensemble.

Serez-vous inflexible ? Ah ! mon époux !Mon père !

M. Duru.

Gripon, m’attendrirai-je ?

M. Gripon.

Gripon, m’attendrirai-je ?Écoutez, entre nous,
Ça demande du temps.

Marthe.

Ça demande du temps.Vite, attendrissez-vous :
Tous ces gens-là, Monsieur, s’aiment à la folie ;