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M. Duru.

À ma Phlipotte ? Non.Je me sens percer l’âme.
Quelle est-elle ? En un mot, vite, répondez-moi.

Damis.

Vous êtes curieux et poli, je le voi.

M. Duru.

Je veux savoir de vous celle qui, par surprise,
Pour braver votre père, ici s’impatronise.

Damis.

Quelle est ma femme ?

M. Duru.

Quelle est ma femme ?Oui, oui.

Damis.

Quelle est ma femme ? Oui, oui.C’est la sœur de celui
À qui ma propre sœur est unie aujourd’hui.

M. Gripon.

Quel galimatias !

Damis.

Quel galimatias !La choie est toute claire.
Vous savez, cher Gripon, qu’un ordre de mon père
Enjoignait à ma mère, en terme très précis,
D’établir au plutôt et sa fille, et son fils.

M. Duru.

Eh bien ? traître ?

Damis.

Eh bien ? traître ?À cet ordre elle s’est asservie
Non pas absolument, mais du moins en partie :
Il veut un prompt hymen, il s’est fait promptement.
Il est vrai qu’on n’a pas conclu précisément
Avec ceux que sa lettre a nommés par sa clause ;
Mais le plus fort est fait, le reste est peu de chose.
Le Marquis d’Outremont[1], l’un de nos bons ami,
Est un homme…

M. Gripon.

Est un homme…Ah ! c’est là cet ami du logis.
On s’est moqué de nous ; je m’en doutais, compère.

  1. « Puisque vous avez un avocat nommé d’Outremont, je changerai ce nom dans la Femme qui a raison, écrit Voltaire à d’Argental ; j’avais un d’Outremont dans cette pièce. Je me suis déjà brouillé avec un avocat qui se trouva par hasard nommé Gripon : il prétendit que j’avais parlé de lui je ne sais où. » C’était encore dans la Femme qui a raison que Voltaire avait parlé de lui ; et Voltaire, quoi qu’il écrive ici, ne changea ni Gripon ni d’Outremont. (G. A.) — Voyez la note de la page 573.