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Qu’un ami de son père, arrivé d’aujourd’hui,
Vient lui parler d’affaire, et ne saurait attendre.

M. Gripon.

Je vais te l’amener : il faut punir mon gendre.
Il faut un Commissaire, il faut verbaliser,
Il faut venger Phlipotte.

M. Duru.

Il faut venger Phlipotte.Eh ! cours sans tant jaser.

M. Gripon, revenant.

Cela pourra coûter quelque argent, mais n’importe.

M. Duru.

Eh ! va donc.

M. Gripon, revenant.

Eh ! va donc.Il faudra faire amener main forte.

M. Duru.

Va, te dis-je.

M. Gripon.

Va, te dis-je.J’y cours.



Scène III

M. DURU.

Va, te dis-je. J’y cours.Ô Voyage cruel !
Ô pouvoir marital, et pouvoir paternel !
Ô luxe ! maudit luxe ! invention du diable !
C’est toi qui corromps tout, perds tout, monstre exécrable !
Ma femme, mes enfants, de toi font infectés :
J’entrevois là-dessous un tas d’iniquités ;
Un amas de noirceurs, et surtout de dépenses,
Qui me glacent le sang et redoublent mes transes.
Épouse, fille, fils, m’ont tous perdu d’honneur :
Je ne sais si je dois en mourir de douleur ;
Et quoique de me pendre il me prenne une envie,
L’argent qu’on a gagné fait qu’on aime la vie.
Ah ! j’aperçois, je crois, mon traître d’avocat :
Quel habit ! pourquoi donc n’a-t-il point de rabat ?