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M. Duru.

Je suffoque. Quoi donc ?Est-ce un rêve, un délire ?
Je vengerai l’affront fait avec tant d’éclat.
Juste ciel ! et comment son frère l’avocat
Peut-il souffrir céans cette honte inouïe,
Sans plaider ?

Érise.

Sans plaider ?Quel est donc cet homme, je vous prie ?

Le Marquis.

Je ne sais ; il paraît qu’il est extravagant :
Votre père, dit-il, l’a pris pour son agent.

Érise.

D’où vient que cet agent fait tant de tintamarre ?

Le Marquis.

Ma foi, je n’en fais rien ; cet homme est si bizarre !

Érise.

Est-ce que mon mari, monsieur, vous a fâché ?

M. Duru.

Son mari !… J’en suis quitte encor à bon marché.
C’est là votre mari ?

Érise.

C’est là votre mari ?Sans doute, c’est lui-même.

M. Duru.

Lui, le fils de Gripon ?

Érise.

Lui, le fils de Gripon ?C’est mon mari, que j’aime.
À mon père, monsieur, lorsque vous écrirez,
Peignez-lui bien les nœuds dont nous sommes ferrés.

M. Duru.

Que la fièvre le serre !

Le Marquis.

Que la fièvre le serre !Ah ! daignez condescendre !…

M. Duru.

Maître Isaac Gripon m’avait bien fait entendre
Qu’à votre mariage on pensait en effet ;
Mais il ne m’a pas dit que tout cela fût fait.

Le Marquis.

Eh bien, je vous en fais la confidence entière.

M. Duru.

Mariés ?

Érise.

Mariés ?Oui, Monsieur.