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Et ta fille déjà brûle, sur ma parole,
Pour mon petit Gripon.

M. Duru.

Pour mon petit Gripon.Du moins cela console.
Nous mettrons ordre au reste.

M. Gripon.

Nous mettrons ordre au reste.Oh ! tout est résolu,
Et cet après-midi l’hymen sera conclu.

M. Duru.

Mais, ma femme ?

M. Gripon.

Mais, ma femme ?Oh ! parbleu, ta femme est ton affaire.
Je te donne une bru charmante et ménagère :
J’ai toujours à ton fils destiné ce bijou ;
Et nous les marierons sans leur donner un sou.

M. Duru.

Fort bien.

M. Gripon.

Fort bien.L’argent corrompt la jeunesse volage.
Point d’argent : c’est un point capital en ménage.

M. Duru.

Mais ma femme ?

M. Gripon.

Mais, ma femme ?Fais-en tout ce qu’il te plaira.

M. Duru.

Je voudrais voir un peu comme on me recevra,
Quel air aura ma femme.

M. Gripon.

Quel air aura ma femme.Et pourquoi ? que t’importe ?

M. Duru.

Voir… là… si la nature est au moins assez forte,
Si le sang parle assez dans ma fille et mon fils
Pour reconnaître en moi le maître du logis.

M. Gripon.

Quand tu te nommeras, tu te feras connaître :
Est-ce que le sang parle ? Et ne dois-tu pas être
Honnêtement content, quand, pour comble de biens,
Tes dociles enfants vont épouser les miens ?
Adieu : j’ai quelque dette active et d’importance,
Qui devers le midi demande ma présence ;
Et je reviens, compère, après un court dîner,
Moi, ma fille et mon fils, pour conclure et signer.