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M. Gripon.

Pour se bien marier il faut que la conjointe
N’ait jamais entrevu son conjoint.

Madame Duru.

N’ait jamais entrevu son conjoint.Oui, d’accord ;
On s’en aime bien mieux : mais je voudrais d’abord,
Moi, mère, et qui dois voir le parti qu’il faut prendre,
Embrasser votre fille, et voir un peu mon gendre.

M. Gripon.

Vous les voyez en moi, corps pour corps, trait pour trait,
Et ma fille Phlipotte est en tout mon portrait.

Madame Duru.

Les aimables enfants !

Damis.

Les aimables enfants !Oh ! Monsieur, je vous jure
Qu’on ne sentit jamais une flamme plus pure.

M. Gripon.

.

Pour ma Phlipotte ?

Damis.

Pour ma Phlipotte ?Hélas ! pour cet objet vainqueur
Qui règne sur mes sens, et m’a donné son cœur.

M. Gripon.

On ne t’a rien donné : je ne puis te comprendre ;
Ma fille, ainsi que moi, n’a point l’âme si tendre.

(À Érise.)

Et vous, qui souriez, vous ne me dites rien ?

Érise.

Je dis la même chose, et je vous promets bien
De placer les devoirs, les plaisirs de ma vie
À plaire au tendre amant à qui mon cœur me lie.

M. Gripon.

Il n’est point tendre amant, vous répondez fort mal.

Le Marquis.

Je vous jure qu’il l’est.

M. Gripon.

Je vous jure qu’il l’est.Oh ! quel original !
L’ami de la maison, mêlez-vous, je vous prie,
Un peu moins de la fête et des gens qu’on marie.

(Le Marquis lui fait de grandes révérences.)
Mme Duru.)

Or çà, j’ai réussi dans ma commission.
Je vois pour votre époux votre soumission ;