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402 LA PRUDE.

Son beau minois, dont il est idolâtre ; C’est un Narcisse.

DARMIN.

Il en à la beauté.

BLÂNFORD.

Oui, mais il faut en fuir la vanité.

ÂDINE.

Ne craignez rien, ce n’est pas moi que j’aime. Je suis plus près de me haïr moi-même ; Je n’aime rien qui me ressemble.

BLANFORD.

Enfm C’est à Dorfise à régler mon destin. Bien convaincu de sa haute sagesse, De l’épouser je lui passai promesse ; Je lui laissai mon bien même en partant, Joyaux, billets, contrats, argent comptant. J’ai, grâce au ciel, par ma juste franchise. Confié tout à ma chère Dorfise. J’ai confié Dorfise et son destin A la vertu de monsieur Bartolin.

DARMIN.

De Bartolin, le caissier ?

BLANFORD.

De lui-même. D’un bon ami, qui me chérit, que j’aime.

DARMIN, d’an ton ironique.

Ah ! vous avez sans doute bien choisi ; Toujours heureux en maîtresse, en ami, Point prévenu.

BLANFORD.

Sans doute, et leur absence Me fait ici sécher d’impatience.

ADINE.

Je n’en puis plus, je sors.

BLANFORD.

Mais, qu’avez-vous ?

ADINE.

De ses malheurs chacun ressent les coups.

Les miens sont grands ; leurs traits s’appesantissent ;

Ils cesseront... si les vôtres finissent.

(BUe sort.)