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Tout n'est-il pas soumis, du couchant à l'aurore ?
L'univers n'est-il pas calmé ?

TRAJAN
On ose me trahir.

PLAUTINE
Non, je ne puis vous croire ;
On ne peut vous manquer de foi.

TRAJAN
Des Parthes terrassés l'inexorable roi
S'irrite de sa chute, et brave ma victoire.
Cinq rois qu'il a séduits sont armés contre moi ;
Ils ont joint l'artifice aux excès de la rage ;
Ils sont au pied de ces remparts ;
Mais j'ai pour moi tous les dieux, les Romains, mon courage,
Et mon amour, et vos regards.

PLAUTINE
Mes regards vous suivront : je veux que sur ma tête
Le ciel épuise son courroux.
Je ne vous quitte pas ; je braverai leurs coups ;
J'écarterai la mort qu'on vous apprête,
Je mourrai du moins près de vous.

TRAJAN
Ah ! ne m'accablez point, mon coeur est trop sensible :
Ah ! laissez-moi vous mériter.
Vous m'aimez, il suffit, rien n'est impossible,
Rien ne pourra me résister;

PLAUTINE
Cruel, puvez-vous m'arrêter ?
J'entends déjà les cris d'un ennemi perfide.

TRAJAN
J'entends la voix du devoir qui me guide ;
Je vole ; demeurez : la victoire me suit.
Je vole ; attendez tout de mon peuple intrépide,
Et de l'amour qui me conduit.

(Ensemble.)

Je vais/Allez punir un barbare,
Terrasser sous mes/vos coups
L'ennemi qui nous sépare,
Qui m'arrache un moment à vous.

PLAUTINE