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ACTE II, SCÈNE V.

Accourcira bientôt dans les pleurs, dans la rage,
Tes jours infortunés[1] que ma bouche a maudits,
Et qu’on te trahira comme tu me trahis.
Coupable de la mort qu’ici tu me prépares.
Lâche, tu périras par des mains plus barbares :
Je le demande aux cieux ; perfide, tu mourras
Aux pieds de ton amant qui ne te plaindra pas.
Mais avant de combler son opprobre et sa rage.
Avant que le cruel l’arrache à ce rivage.
J’y cours ; et nous verrons si tes lâches soldats
Seront assez hardis pour t’ôter de mes bras.
Et si, pour se ranger sous les drapeaux d’un traître,
Ils fouleront aux pieds, et ton père, et leur maître.


Scène V

ZULIME, SÉRAME.
zulime

Seigneur… Ah ! cher auteur de mes coupables jours !
Voilà quel est le fruit de mes tristes amours !
Dieu qui l’as entendu, Dieu puissant que jirrite.
Aurais-tu confirmé l’arrêt que je mérite ?
La mort et les enfers paraissent devant moi :
Ramire, avec plaisir j’y descendrais pour toi.
Tu me plaindras sans doute… Ah ! passion funeste !
Quoi ! les larmes d’un père, et le courroux céleste.
Les malédictions prêtes à m’accabler.
Tout irrite les feux dont je me sens brûler !
Dieu ! je me livre à toi : si tu veux que j’expire,
Frappe ; mais réponds-moi des larmes de Ramire.

FIN DU DEUXIÈME ACTE.
  1. L’édition de 1763, l’édition in-4o, l’édition encadrée (1775), les éditions de Kehl, et toutes leurs réimpressions, portent : Les jours infortunés. Feu Decroix, éditeur du Commentaire (de Laharpe) sur le théâtre de Voltaire, blessé de l’amphibologie, « soupçonnait qu’il y avait dans le manuscrit de l’auteur mes jours ou tes jours, » ce qui prévenait toute équivoque. La version que j’ai adoptée se trouve dans deux éditions de 1761 que j’ai sous les yeux. (B.)