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ZULIME.

Tombent, tombent sur moi les traits de sa vengeance !
Allez, Atide ; et vous, évitez sa présence.
C’est le premier moment où je puis souhaiter
De me voir sans Ramire, et de vous éviter.
Allez, trop digne époux de la triste Zulime ;
Ce titre si sacré me laisse au moins sans crime.

atide.

Qu’en tends-je ? son époux ?

ramire.

On vient, suivez mes pas ;
Plaignez mon sort, Atide, et ne m’accusez pas.


Scène IV

ZULIME, BÉNASSAR, SÉRAME.
zulime.

Le voici, je frissonne, et mes yeux s’obscurcissent.
Terre, que devant lui tes gouffres m’engloutissent !
Sérame, soutiens-moi.

bénassar.

C’est elle !

zulime.

désespoir !

bénassar.

Tu détournes les yeux, et tu crains de me voir !

zulime.

Je me meurs ! Ah, mon père !

bénassar.

Ô toi, qui fus ma fille !
Cher espoir autrefois de ma triste famille,
Toi qui dans mes chagrins étais mon seul recours.
Tu ne me connais plus ?

ZULIME, à genoux.

Je vous connais toujours ;
Je tombe en frémissant à ces pieds que j’embrasse.
Je les baigne de pleurs, et je n’ai point l’audace
De lever jusqu’à vous un regard criminel.
Qui ferait trop rougir votre front paternel.