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CONSTANCE

Allez, et dites-lui que le cœur de Constance
S’intéresse à tant de vertu,
Plus encor qu’à ma délivrance.


Scène II

Constance, Léonor
CONSTANCE

Rien qu’un simple officier ?

LEONOR

Tout le monde le dit.

CONSTANCE

Mon cœur ne peut le croire, et mon front en rougit.

LEONOR

J’ignore de quel sang le destin l’a fait naître,
Mais on est ce qu’on veut avec un si grand cœur.
C’est à lui de choisir le nom dont il veut être,.
Il lui fera beaucoup d’honneur.

CONSTANCE

Que de vertu ! que de grandeur !
Combien sa modestie illustre sa valeur !

LEONOR

C’est peu d’être modeste, il faut avoir encore
De quoi pouvoir ne l’être pas.
Mais ce héros a tout, courage, esprit, appas,
S’il a quelques défauts, pour moi je les ignore,
Et vos yeux ne les verraient pas.
J’ai vu quelques héros assez insupportables ;
Et l’homme le plus vertueux,
Peut être le plus ennuyeux ;
Mais comment résister à des vertus aimables ?

CONSTANCE

Alamir fera mon malheur.
Je lui dois trop d’estime et de reconnaissance.

LEONOR

Déjà dans votre cœur il a sa récompense ;
J’en crois assez votre rougeur ;
C’est de nos sentiments le premier témoignage.