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POLYPHONTE

Vous-même.
De cet égarement sortirez-vous enfin ?
De votre fils, madame, est-ce ici l'assassin ?

Mérope

Mon fils, de tant de rois le déplorable reste,
Mon fils, enveloppé dans un piége funeste,
Sous les coups d'un barbare...

Isménie

Ô ciel ! Que faites-vous ?

POLYPHONTE

Quoi ! Vos regards sur lui se tournent sans courroux ?
Vous tremblez à sa vue, et vos yeux s'attendrissent ?
Vous voulez me cacher les pleurs qui les Remplissent ?

Mérope

Je ne les cache point ; ils paraissent assez ;
La cause en est trop juste, et vous la connaissez.

POLYPHONTE

Pour en tarir la source il est temps qu'il expire.
Qu'on l'immole, soldats !

Mérope, s'avançant

Cruel ! Qu'osez-vous dire ?

Égisthe

Quoi ! De pitié pour moi tous vos sens sont saisis !

POLYPHONTE

Qu'il meure !

Mérope

Il est...

POLYPHONTE

Frappez.

Mérope, se jetant entre Égisthe et les soldats.

Barbare ! Il est mon fils[1].

Égisthe

Moi ! Votre fils ?

Mérope, en l'embrassant.

Tu l'es : et ce ciel que j'atteste,
Ce ciel qui t'a formé dans un sein si funeste,

  1. Lessing ne peut s'empêcher d’admirer cette scène, ce cri. C’était là le plus
    beau moment de la Dumesnil. Elle traversait la scène, et enveloppaît son f‍lls de ses bras (G. A.)