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Euryclès emmène Égisthe, et ferme le fond du théâtre[1].

Ô ciel !

Mérope, s'avançant.

Vous me faites trembler : 
J'allais venger mon fils.

Narbas, se jetant à genoux.

Vous alliez l'immoler.
Égisthe...

Mérope, laissant tomber le poignard.

Eh bien, Égisthe ?

Narbas

Ô reine infortunée !
Celui dont votre main tranchait la destinée,
C'est Égisthe...

Mérope

Il vivrait !

Narbas

C'est lui, c'est votre fils.

Mérope, tombant dans les bras d'Isménie.

Je me meurs !

Isménie

Dieux puissants !

Narbas, à Isménie.

Rappelez ses esprits. 
Hélas ! Ce juste excès de joie et de tendresse,
Ce trouble si soudain, ce remords qui la presse,
Vont consumer ses jours usés par la douleur.
Mérope, revenant à elle.
Ah ! Narbas, est-ce vous ? Est-ce un songe trompeur ?
Quoi ! C'est vous ! C'est mon fils ! Qu'il vienne, qu'il paraisse.

Narbas 

Redoutez, renfermez cette juste tendresse.
À Isménie.
Vous, cachez à jamais ce secret important ;
Le salut de la reine et d'Égisthe en dépend.

Mérope

Ah ! Quel nouveau danger empoisonne ma joie !

  1. Ce qui faisait alors le fond du théâtre était de simples rideaux que l'on tirait. « Égisthe emmené par Euryclès, et le fond du théâtre se refermant sur lui, voilà quelque chose de bien forcé. dit Lessing. C’est une f‍icelle (sic) qui ne vaut pas mieux que la fuite précipitée d’Égisthe dans Maffei, fuite dont Voltaire se moque sous le nom de Lindelle. » Et Lessing s'étonne encore ailleurs qu’Egisthe soit emmené dans le salle même où est le tombeau de Cresphonte. (G. A.)