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Érox 

Il vous offre ce trône ; agréez qu'il partage
De ce fils, qui n'est plus, le sanglant héritage,
Et que, dans vos malheurs, il mette à vos genoux
Un front que la couronne a fait digne de vous.
Mais il faut dans mes mains remettre le coupable : 
Le droit de le punir est un droit respectable ;
C'est le devoir des rois : le glaive de Thémis.
Ce grand soutien du trône, à lui seul est commis :
À vous, comme à son peuple, il veut rendre justice.
Le sang des assassins est le vrai sacrifice 
Qui doit de votre hymen ensanglanter l'autel.

Mérope

Non ; je veux que ma main porte le coup mortel.
Si Polyphonte est roi, je veux que sa puissance
Laisse à mon désespoir le soin de ma vengeance.
Qu'il règne, qu'il possède et mes biens et mon rang ;  
Tout l'honneur que je veux, c'est de venger mon sang.
Ma main est à ce prix ; allez, qu'il s'y prépare :
Je la retirerai du sein de ce barbare
Pour la porter fumante aux autels de nos dieux.

Érox

Le roi, n'en doutez point, va remplir tous vos voeux.
Croyez qu'à vos regrets son coeur sera sensible.


Scène VII

Mérope, Euryclès, Isménie.

Mérope

Non, ne m'en croyez point ; non, cet hymen horrible,
Cet hymen que je crains ne s'accomplira pas.
Au sein du meurtrier j'enfoncerai mon bras ;
Mais ce bras à l'instant m'arrachera la vie.

Euryclès 

Madame, au nom des dieux...

Mérope

Ils m'ont trop poursuivie.
Irai-je à leurs autels, objet de leur courroux,
Quand ils m'ôtent un fils, demander un époux,