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Et la nécessité, souveraine des lois,  
Il verrait que jamais sa malheureuse mère
Ne lui donna d'amour une marque plus chère.

Mérope

Ah ! Que me dites-vous ?

Euryclès

De dures vérités,
Que m'arrachent mon zèle et vos calamités.

Mérope

Quoi ! Vous me demandez que l'intérêt surmonte 
Cette invincible horreur que j'ai pour Polyphonte,
Vous, qui me l'avez peint de si noires couleurs !

Euryclès

Je l'ai peint dangereux, je connais ses fureurs ;
Mais il est tout-puissant ; mais rien ne lui résiste :
Il est sans héritier, et vous aimez Égisthe.

Mérope

Ah ! C'est ce même amour, à mon coeur précieux,
Qui me rend Polyphonte encor plus odieux.
Que parlez-vous toujours et d'hymen et d'empire ?
Parlez-moi de mon fils, dites-moi s'il respire.
Cruel ! Apprenez-moi...

Euryclès

Voici cet étranger 
Que vos tristes soupçons brûlaient d'interroger.

SCÈNE II.


Scène II

Mérope, Euryclès, Égisthe, enchaîné , Isménie, gardes.
Égisthe, dans le fond du théâtre, à Isménie.

Est-ce là cette reine auguste et malheureuse,
Celle de qui la gloire, et l'infortune affreuse
Retentit jusqu'à moi dans le fond des déserts ?

Isménie

Rassurez-vous, c'est elle.
Elle sort.

Égisthe

Ô dieu de l'univers !