Je suis puni, je meurs des mains de Mahomet :
Cours, hâte-toi d’apprendre au malheureux Zopire
Que Séide est son fils, et frère de Palmire. »
Vous !
Mon frère ?
Vous ne me trompiez pas quand vous parliez pour eux.
Vous m’éclairiez sans doute. Ah ! malheureux Séide !
Qui t’a pu commander cet affreux homicide ?
L’amour de mon devoir et de ma nation,
Et ma reconnaissance, et ma religion ;
Tout ce que les humains ont de plus respectable
M’inspira des forfaits le plus abominable.
Rendez, rendez ce fer à ma barbare main.
Ah, mon père ! ah, seigneur ! plongez-le dans mon sein.
J’ai seule à ce grand crime encouragé Séide ;
L’inceste était pour nous le prix du parricide.
Le ciel n’a point pour nous d’assez grands châtiments.
Frappez vos assassins.
Le ciel voulut mêler, dans les maux qu’il m’envoie,
Le comble des horreurs au comble de la joie.
Je bénis mon destin ; je meurs, mais vous vivez.
Ô vous, qu’en expirant mon cœur a retrouvés,
Séide, et vous, Palmire, au nom de la nature,
Par ce reste de sang qui sort de ma blessure,
Par ce sang paternel, par vous, par mon trépas,
Vengez-vous, vengez-moi ; mais ne vous perdez pas.
L’heure approche, mon fils, où la trêve rompue
Laissait à mes desseins une libre étendue :
Les dieux de tant de maux ont pris quelque pitié ;
Le crime de tes mains n’est commis qu’à moitié.
Le peuple avec le jour en ces lieux va paraître ;
Mon sang va les conduire ; ils vont punir un traître.
Attendons ces moments.