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Palmire.

Quelle effroyable dot !

Séide.

Quelle effroyable dot !Mais si le ciel l’ordonne ?
Si je sers et l’amour et la religion ?

Palmire.

Hélas !

Séide.

Hélas !Vous connaissez la malédiction
Qui punit à jamais la désobéissance.

Palmire.

Si Dieu même en tes mains a remis sa vengeance,
S’il exige le sang que ta bouche a promis…

Séide.

Eh bien ! pour être à toi que faut-il ?

Palmire.

Eh bien ! pour être à toi que faut-il ?Je frémis.

Séide.

Je t’entends ; son arrêt est parti de ta bouche.

Palmire.

Qui ? moi ?

Séide.

Qui ? moi ?Tu l’as voulu.

Palmire.

Qui ? moi ? Tu l’as voulu.Dieu ! quel arrêt farouche !
Que t’ai-je dit ?

Séide.

Que t’ai-je dit ?Le ciel vient d’emprunter ta voix ;
C’est son dernier oracle, et j’accomplis ses lois.
Voici l’heure où Zopire à cet autel funeste
Doit prier en secret des dieux que je déteste.
Palmire, éloigne-toi.

Palmire.

Palmire, éloigne-toi.Je ne puis te quitter.

Séide.

Ne vois point l’attentat qui va s’exécuter.
Ces moments sont affreux. Va, fuis ; cette retraite
Est voisine des lieux qu’habite le prophète !
Va, dis-je.

Palmire.

Va, dis-je.Ce vieillard va donc être immolé !