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ACTE QUATRIÈME.


Scène I.

MAHOMET, OMAR.
Omar.

Oui, de ce grand secret la trame est découverte ;
Ta gloire est en danger, ta tombe est entr’ouverte.
Séide obéira : mais avant que son cœur,
Raffermi par ta voix, eût repris sa fureur,
Séide a révélé cet horrible mystère.

Mahomet.

Ô ciel !

Omar.

Ô ciel !Hercide l’aime : il lui tient lieu de père.

Mahomet.

Eh bien ! que pense Hercide ?

Omar.

Eh bien ! que pense Hercide ?Il paraît effrayé ;
il semble pour Zopire avoir quelque pitié.

Mahomet.

Hercide est faible ; ami, le faible est bientôt traître.
Qu’il tremble ! il est chargé du secret de son maître.
Je sais comme on écarte un témoin dangereux.
Suis-je en tout obéi ?

Omar.

Suis-je en tout obéi ?J’ai fait ce que tu veux.

Mahomet.

Préparons donc le reste. Il faut que dans une heure
On nous traîne au supplice, ou que Zopire meure.
S’il meurt, c’en est assez ; tout ce peuple éperdu
Adorera mon dieu, qui m’aura défendu.
Voilà le premier pas ; mais sitôt que Séide
aura rougi ses mains de ce grand homicide,