Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il t’a servi de père, aussi bien qu’à Palmire :
D’où vient que tu frémis, et que ton cœur soupire ?
Tu détournes de moi ton regard égaré ;
De quelque grand remords tu sembles déchiré.

Séide.

Eh ! qui n’en aurait pas dans ce jour effroyable !

Zopire.

Si tes remords sont vrais, ton cœur n’est plus coupable.
Viens, le sang va couler ; je veux sauver le tien.

Séide.

Juste ciel ! et c’est moi qui répandrais le sien !
Ô serments ! ô Palmire ! ô vous, dieu des vengeances !

Zopire.

Remets-toi dans mes mains ; tremble, si tu balances ;
pour la dernière fois, viens, ton sort en dépend.


Scène IX.

ZOPIRE, SÉIDE, OMAR, suite.
Omar, entrant avec précipitation.

Traître, que faites-vous ? Mahomet vous attend.

Séide.

Où suis-je ! ô ciel ! où suis-je ! et que dois-je résoudre ?
D’un et d’autre côté je vois tomber la foudre.
Où courir ? où porter un trouble si cruel ?
Où fuir ?

Omar.

Où fuir ?Aux pieds du roi qu’a choisi l’éternel.

Séide.

Oui, j’y cours abjurer un serment que j’abhorre.


Scène X.

Zopire.

Ah, Séide ! où vas-tu ? Mais il me fuit encore ;
Il sort désespéré, frappé d’un sombre effroi,
Et mon cœur qui le suit s’échappe loin de moi.