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forme d’abord le grand golfe de l’Inde et de l’Afrique, puis se prolonge à l’orient à travers les isles malaises jusqu’aux confins de la Tartarie, tandis qu’à l’ouest il enveloppe les continens de l’Afrique et de l’Europe jusque dans le nord de l’Asie. Sous nos pieds, cette presqu’ île de forme carrée est l’aride contrée des arabes ; à sa gauche ce grand continent presqu’aussi nu dans son intérieur, et seulement verdâtre sur ses bords, est le sol brûlé qu’habitent les hommes noirs. Au nord, par de là une mer irrégulière et longuement étroite, sont les campagnes de l’Europe riche en prairies et en champs cultivés : à sa droite, depuis la Caspienne, s’étendent les plaines neigeuses et nues de la Tartarie. En revenant à nous, cet espace blanchâtre est le vaste et triste désert du Cobi, qui sépare la Chine du reste du monde. Tu vois cet empire dans le terrain sillonné qui fuit à nos regards sous un plan obliquement courbé. Sur ses bords, ces langues déchirées et ces points épars sont les presqu’ îles et les îles des peuples malais, tristes possesseurs des parfums et des aromates. Ce triangle qui s’avance au loin dans la mer, est la presqu’ île trop célèbre de l’Inde. Tu vois le cours tortueux du Gange, les âpres montagnes du Tibet, le vallon fortuné de Kachemire, les déserts salés du Persan, les rives de l’Euphrate et du Tigre,