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nos frères, l’aumône, la résignation ; nous ne tourmentons point les ames par des craintes superstitieuses ; nous vivons sans alarmes, et nous mourons sans remords. Comment osez-vous, répondirent les prêtres chrétiens, parler de morale, vous dont le chef a pratiqué la licence et prêché le scandale ? Vous dont le premier précepte est l’homicide et la guerre ? Nous en prenons à témoin l’expérience : depuis douze cents ans votre zèle fanatique n’a cessé de répandre chez les nations le trouble et


le carnage ; et si aujourd’hui l’Asie, jadis florissante, languit dans la barbarie et l’anéantissement, c’est à votre doctrine qu’il en faut attribuer la cause ; à cette doctrine ennemie de toute instruction, qui sanctifiant l’ignorance, et d’un côté consacrant le despotisme le plus absolu dans celui qui commande, de l’autre imposant l’obéissance la plus aveugle et la plus passive à ceux qui sont gouvernés, a engourdi toutes les facultés de l’homme, et plongé les nations dans l’abrutissement. Il n’en est pas ainsi de notre morale sublime et céleste ; c’est elle qui a retiré la terre de sa barbarie primitive, des superstitions insensées ou cruelles de l’idolâtrie, des sacrifices humains, des orgies honteuses des mystères païens ; qui a épuré les mœurs, proscrit les incestes, les adultères, policé les nations sauvages, fait disparaître l’esclavage, introduit des vertus nouvelles et inconnues, la charité pour les hommes, leur égalit