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l’origine, l’histoire des dogmes que vous enseignez : imposés par la force et l’autorité, inculqués par l’éducation, entretenus par l’exemple, ils se perpétuent d’ âge en âge, et affermissent leur empire par l’habitude et l’inattention. Mais si l’homme, éclairé par la réflexion et l’expérience, rappelle à un mûr examen les préjugés de son enfance, il y découvre bientôt


une foule de disparates et de contradictions qui éveillent sa sagacité et provoquent son raisonnement. D’abord, remarquant la diversité et l’opposition des croyances qui partagent les nations, il s’enhardit contre l’infaillibilité que toutes s’arrogent ; et s’armant de leurs prétentions réciproques, il conçoit que les sens et la raison émanés immédiatement de Dieu, ne sont pas une loi moins sainte, un guide moins sûr que les codes médiats et contradictoires des prophètes. S’il examine ensuite le tissu de ces codes eux-mêmes, il observe que leurs lois prétendues divines, c’est-à-dire immuables et éternelles, sont nées par circonstances de tems, de lieux et de personnes ; qu’elles dérivent les unes des autres dans une espèce d’ordre généalogique, puisqu’elles s’empruntent mutuellement un fonds commun et ressemblant d’idées, que chacune modifie à son gré. Que s’il remonte à la source de ces idées, il trouve qu’elle se perd dans la nuit des tems, dans l’enfance des peuples, jusqu’à l’origine du monde même, à laquelle elles se disent liées ;