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continuait de se perdre ; que pour remédier à ce nouvel inconvénient, ce dieu, né d’une femme restée vierge, après être mort et ressuscité, renaissait encore chaque jour, et sous la forme d’un peu de levain, se multipliait par milliers à la voix du dernier des hommes ; et de là passant à la doctrine des sacremens, il allait traiter à fond de la puissance de lier et de délier, des moyens de purger tout crime avec de l’eau et quelques paroles, quand, ayant proféré les mots indulgence, pouvoir du pape, grace suffisante ou efficace, il fut interrompu par mille cris. C’est un abus horrible, dirent les luthériens, de prétendre, pour de l’argent, remettre les péchés ; c’est une chose contraire au texte de l’évangile, dirent les calvinistes, de supposer une présence véritable. Le pape n’a pas le droit de rien décider par lui-même, dirent les jansénistes ; et trente sectes à la fois s’accusant mutuellement d’hérésie et d’erreur, il ne fut plus possible de s’entendre.


Après quelque tems, le silence s’étant rétabli, les musulmans dirent aux législateurs : lorsque vous avez repoussé notre doctrine, comme proposant des choses incroyables, pourrez-vous admettre celle des chrétiens ? N’est-elle pas encore plus contraire au sens naturel et à la justice ? Dieu immatériel, infini, se faire homme ! Avoir un fils aussi âgé que lui ! Ce dieu homme devenir du pain que l’on mange et que l’on digère ! Avons-nous rien de semblable à cela ? Les chrétiens ont-ils le droit exclusif d’exiger une foi aveugle ? Et