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jusqu’aux cieux : mille cris de bénédiction partirent du sein de la multitude, et les peuples, dans leur transport, firent retentir la terre des mots d’égalité, de justice, d’union. Mais bientôt à ce premier mouvement en succéda un différent ; bientôt les docteurs, les chefs des peuples les excitant à la dispute, je vis naître d’abord un murmure, puis une rumeur, qui, se communiquant de proche en proche, devint un vaste désordre ; et chaque nation élevant des prétentions exclusives, réclamait la prédominance pour son code et son opinion. " vous êtes dans l’erreur, se disaient les partis en se montrant du doigt les uns les autres ; nous seuls possédons la vérité et la raison. Nous seuls avons la vraie loi, la


vraie règle de tout droit, de toute justice, le seul moyen du bonheur, de la perfection ; tous les autres hommes sont des aveugles ou des rebelles ". Et il régnait une agitation extrême. Mais le législateur ayant réclamé le silence : " peuples, dit-il, quel mouvement de passion vous agite ? Où vous conduira cette querelle ? Qu’attendez-vous de cette dissention ? Depuis des siècles la terre est un champ de disputes, et vous avez versé des torrens de sang pour vos contestations : qu’ont produit tant de combats et de larmes ? Quand le fort a soumis le faible à son opinion, qu’a-t-il fait pour la vérité et pour l’évidence ? ô nations ! Prenez conseil de votre propre sagesse ! Quand, parmi vous, une contestation