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CHAPITRE XXIII.

notre puissance : c’est un roman, dirent les autres, un tissu de conjectures dressées avec cet art, mais sans fondement. Et les gens modérés et prudents ajoutaient : Supposons que tout, cela soit vrai, pourquoi révéler ces mystères ? Sans doute nos opinions sent pleines d’erreurs ; mais ces erreurs sont un frein nécessaire à la multitude. Le monde va ainsi depuis deux mille ans, pourquoi le changer aujourd’hui ? »

Et déjà la rumeur du blâme qui s’élève contre toute nouveauté, commençait de s’accroître, quand un groupe nombreux d’hommes des classes du peuple et de sauvages de tout pays et de toute nation, sans prophètes, sans docteurs, sans code religieux, s’avançant dans l’arène, attirèrent sur eux l’attention de toute l’assemblée ; et l’un d’eux, portant la parole, dit au législateur :

« Arbitre et médiateur des peuples ! depuis le commencement de ce débat, nous entendons des récits étranges, inouïs pour nous jusqu’à ce jour ; notre esprit, surpris, confondu de tant de choses, les unes savantes, les autres absurdes, qu’également il ne comprend pas, reste dans l’incertitude et le doute. Une seule réflexion nous frappe : en résumant tant de faits prodigieux, tant d’assertions opposées, nous nous demandons : Que nous importent toutes ces discussions ? Qu’avons-nous besoin de savoir ce qui s’est passé il y a cinq ou six mille ans, dans des pays que nous ignorons,