Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
CHAPITRE XXII.

tie de ces prédictions, la ruine de Jérusalem, le peuple attacha à la seconde une croyance d’autant plus entière, qu’il tomba dans le malheur ; et les Juifs affligés attendirent avec l’impatience du besoin et du désir, le roi victorieux et libérateur qui devait venir sauver la nation de Moïse et relever l’empire de David.

« D’autre part, les traditions sacrées et mythologiques des temps antérieurs avaient répandu dans toute l’Asie un dogme parfaitement analogue. On n’y parlait que d’un grand médiateur, d’un juge final, d’un sauveur futur, qui, roi, dieu conquérant et législateur, devait ramener l’âge d’or sur la terre, la délivrer de l’empire du mal, et rendre aux hommes le règne du bien, la paix et le bonheur. Ces idées occupaient d’autant plus les peuples, qu’ils y trouvaient des consolations de l’état funeste et des maux réels où les avaient plongés les dévastations successives des conquêtes et des conquérants, et le barbare despotisme de leurs gouvernements. Cette conformité entre les oracles des nations et ceux des prophètes, excita l’attention des Juifs ; et sans doute les prophètes avaient eu l’art de calquer leurs tableaux sur le style et le génie des livres sacrés employés aux mystères païens : c’était donc en Judée une attente générale que celle du grand envoyé, du sauveur final, lorsqu’une circonstance singulière vint déterminer l’époque de sa venue.